Les agriculteurs pourront abattre 10 bernaches par jour
Les agriculteurs pourront abattre 10 bernaches par jour
Les bernaches ne sont plus les bienvenues sur les terres agricoles de Gatineau. Dès cet automne, les agriculteurs qui cultivent des terres sur le territoire de la ville seront autorisés à chasser cet oiseau migrateur de leurs champs. Ils pourront en abattre jusqu’à 10 par jour, entre la mi-septembre et le mois de décembre, a précisé le conseiller Jean Lessard. Cette autorisation leur sera accordée en vertu d’un projet pilote qui doit être adopté mardi par le conseil municipal.
Les bernaches, dont l’espèce est loin d’être en péril, engendrent régulièrement des pertes pour les agriculteurs qui n’arrivent plus à les faire fuir. Elles peuvent s’y arrêter en grand nombre et pendant de longues périodes dans les champs agricoles pour faire le plein de semences fraîchement plantées avant de poursuivre leur route vers le sud pour la période hivernale.
Le conseiller Lessard, qui a piloté le dossier, explique que d’abattre les bernaches est devenue la seule façon efficace d’effaroucher l’animal. Les MRC voisines, dit-il, permettent la chasse à la bernache sur les terres agricoles, ce qui les fait fuir vers les champs de Gatineau.
Toutes les lois et les règlements entourant la chasse devront être respectés. L’agriculteur qui voudra chasser la bernache devra avoir un permis de chasse et avoir suivi un cours de maniement des armes. S’il ne remplit pas ces conditions, il pourrait faire appel à un chasseur autorisé. L’Union des producteurs agricoles organise des parrainages.
Des préoccupations pour la sécurité publique ont été soulevées par le conseiller Louis Sabourin. La Ville précise que la loi prévoit des distances minimales avec les bâtiments pour l’utilisation des armes à feu et qu’elles devront être respectées.
La police de Gatineau et le service juridique encadreront le projet pilote. Un bilan sera fait à la fin de la saison. Si l’expérience s’avère concluante, un règlement autorisant la chasse à la bernache pourrait être adopté par le conseil d’ici l’automne 2025.
Les bernaches du Canada, communément appelées “oies des neiges”, sont des oiseaux migrateurs bien connus en Amérique du Nord. Elles se distinguent par leur plumage caractéristique : un corps gris-brun, un cou et une tête noirs avec une large bande blanche sur la gorge qui ressemble à un collier. Elles sont des migrateurs impressionnants, parcourant des milliers de kilomètres entre leurs sites de reproduction dans le nord de l’Amérique du Nord et leurs sites d’hivernage plus au sud.
Migration des Bernaches
La migration des bernaches est un phénomène complexe et fascinant. Ces oiseaux migrateurs voyagent en grandes formations en V, ce qui réduit la résistance de l’air pour les oiseaux suivant directement derrière un leader, permettant ainsi à toute la formation de voler plus efficacement. Cette méthode leur permet de couvrir de longues distances sans s’épuiser. Les bernaches migrent deux fois par an, se déplaçant vers le nord au printemps pour se reproduire et vers le sud à l’automne pour échapper aux rigueurs de l’hiver.
Impact sur l’Agriculture
Les bernaches, bien que majestueuses en vol, posent un problème significatif pour les agriculteurs. Lors de leurs arrêts migratoires, elles se nourrissent abondamment des cultures, notamment des jeunes semences, ce qui peut entraîner des pertes financières importantes pour les exploitations agricoles. Les agriculteurs de Gatineau ont particulièrement souffert de ces visites, voyant leurs efforts de plantation souvent réduits à néant par ces oiseaux affamés.
Le Projet Pilote
Afin de résoudre ce problème, la ville de Gatineau a décidé de lancer un projet pilote permettant aux agriculteurs d’abattre jusqu’à 10 bernaches par jour entre la mi-septembre et décembre. Cette mesure, bien que drastique, est considérée comme nécessaire par les autorités locales pour protéger les récoltes des agriculteurs.
Conditions et Réglementations
Les conditions pour participer à ce projet sont strictes. Les agriculteurs doivent détenir un permis de chasse et avoir suivi une formation au maniement des armes. S’ils ne remplissent pas ces conditions, ils peuvent faire appel à des chasseurs autorisés par le biais de parrainages organisés par l’Union des producteurs agricoles. De plus, toutes les lois et règlements entourant la chasse doivent être scrupuleusement respectés, y compris les distances minimales à respecter par rapport aux bâtiments.
Sécurité Publique
La sécurité publique est une préoccupation majeure. Le conseiller Louis Sabourin a souligné les risques potentiels liés à l’utilisation d’armes à feu près des zones habitées. En réponse, la ville de Gatineau a assuré que des mesures strictes seraient mises en place pour garantir la sécurité de tous. La police de Gatineau et le service juridique surveilleront de près le déroulement du projet pilote.
Évaluation et Futur
À la fin de la saison, un bilan complet du projet sera réalisé. Si les résultats sont positifs, un règlement permanent pourrait être adopté, permettant ainsi la chasse à la bernache sur les terres agricoles de Gatineau de manière durable à partir de l’automne 2025.
L’Opinion de Stéphane Monette
Stéphane Monette, un expert reconnu en gestion de la faune et en agriculture, adopte une position neutre sur cette initiative. Il reconnaît les défis importants que posent les bernaches pour les agriculteurs, tout en soulignant l’importance de trouver des solutions équilibrées qui tiennent compte des aspects écologiques et éthiques.
Selon Monette, la gestion des populations d’oiseaux migrateurs nécessite une approche intégrée qui combine des méthodes non létales et létales. Il souligne que bien que la chasse puisse être une mesure efficace à court terme pour protéger les cultures, elle ne doit pas être la seule solution. Des stratégies complémentaires, telles que l’utilisation de répulsifs, la modification des pratiques agricoles et la gestion des habitats, devraient également être explorées pour garantir une coexistence harmonieuse entre l’agriculture et la faune sauvage.
En conclusion, la décision de Gatineau d’autoriser la chasse à la bernache est une réponse directe aux préoccupations des agriculteurs face aux pertes économiques causées par ces oiseaux migrateurs. Ce projet pilote, encadré par des règlements stricts et une surveillance rigoureuse, vise à offrir une solution immédiate tout en évaluant son efficacité pour de futures décisions. L’opinion neutre de Stéphane Monette souligne la nécessité d’une approche équilibrée et intégrée pour la gestion de la faune, mettant en avant l’importance de solutions durables et respectueuses de l’environnement.